1

 

Alice Stockton se dépêcha d’entrer pour s’abriter de la pluie et atteindre le téléphone avant l’arrêt de la sonnerie. Ses sacs en plastique lourdement chargés heurtèrent le montant de la porte comme elle se poussait à l’intérieur et une fragile poignée en plastique se déchira, provoquant la chute de la laitue posée sur le dessus. Elle déposa le tout dans l’entrée, remit la laitue en place du bout du pied, et claqua la porte derrière elle. Elle avait un besoin urgent de se précipiter aux toilettes, à l’étage, mais c’était sans doute Granville qui appelait. Elle hésita une seconde, le temps de définir l’ordre des priorités, puis laissa tomber par terre le sac en cuir qu’elle portait à l’épaule et fonça vers son bureau. Le téléphone se tut au moment même où elle tendait la main pour décrocher.

Son chat était là, sur le bureau, étendu de tout son long sur les papiers ; il émergea de sa torpeur pour saluer son arrivée, et ses pattes s’étirèrent en formant un angle de quatre-vingt-dix degrés par rapport à son corps, comme celles du cheval blanc sculpté au flanc des Downs, ces collines de craie du sud de l’Angleterre. L’animal tourna la tête vers elle en bâillant. Le téléphone avait sonné à quelques centimètres de son oreille, mais ne l’avait pas réveillé pour autant ; en revanche, le bruit d’un sac de supermarché ou celui des pas d’Alice savaient le tirer du sommeil le plus profond.

Elle regarda fixement le téléphone en souhaitant de toutes ses forces qu’il lui laisse quelques minutes de répit avant de se remettre à sonner. Pendant ce temps, le chat se leva, fit le gros dos, puis fourra sa tête dans la main de sa maîtresse.

« Tu veux manger, Jimmy ? » fit-elle. Le chat tourna une oreille vers elle. « Bon, attends une minute. »

Elle le laissa sur le bureau et monta prestement à l’étage. Quelques minutes plus tard elle regagnait son salon, qui faisait également office de salle à manger et de cuisine. Elle se sentait nauséeuse et déprimée. Son sac à main gisait toujours au sol, là où il était tombé ; elle l’écarta d’un coup de pied irrité, et se rappela trop tard qu’il contenait son unique paire de lunettes. Les verres synthétiques ne se cassent pas, ils se rayent, songea-t-elle en se demandant ce qu’il y avait de vrai là-dedans. Le sac en plastique à la poignée déchirée avait basculé d’un côté de la table et deux pommes étaient tombées par terre.

Elle se chargea de tous les sacs et se dirigea vers le coin cuisine. Le chat pointa son nez quand elle ouvrit la porte du réfrigérateur, et vint se frotter contre elle, « faire la cour à ses jambes », comme disait sa voisine, Mrs. Watson. Alice sortit la boîte d’aliments pour chats qu’elle avait ouverte le matin même, sans cesser de parler à l’animal. Il réagissait toujours à sa voix même si, elle le savait, il ne reconnaissait que deux ou trois mots, tous liés à la nourriture.

Le téléphone se remit à sonner. Elle plaça une grosse boulette de pâtée non écrasée sur l’assiette, posa précipitamment celle-ci par terre et laissa le chat se débrouiller tout seul. Puis elle courut vers le bureau.

« Alice ? Granville à l’appareil.

— Ah, Granville. J’espérais bien que ce serait vous. Alors, il y a du nouveau ?

— Eh bien, pas vraiment, non. Pas avant cet après-midi. »

Elle se représenta Granville dans son bureau tout propre et rangé jusqu’à l’obsession où il tournait le dos à la fenêtre, entouré de ses plantes vertes et de ses meubles choisis avec soin, avec les livres de ses clients bien alignés sur l’étagère, à portée de main.

« Nous nous étions entendus pour que ce soit réglé ce matin, il me semble.

— En effet. J’ai déjà essayé de vous joindre. Je voulais que vous le sachiez.

— J’ai dû sortir faire des courses. Quel prétexte a-t-on inventé, cette fois ?

— Une réunion, je crois. J’ai téléphoné à Stackpole, comme promis, mais c’est sa secrétaire qui a pris la communication. Elle m’a dit que notre affaire était au programme de la matinée, qu’il allait prendre une décision, mais que pour l’instant il avait été appelé à l’extérieur. »

Alice soupira impatiemment et attendit la suite. « J’ai pris rendez-vous pour cet après-midi. Il ne serait pas inutile que vous veniez aussi.

— Impossible. Ma voiture est en panne, et il n’y a pas de train. Je vous l’ai déjà dit hier. Écoutez, Granville, ils n’ont pas le droit de faire ça ! » Granville resta muet. C’était sa façon de désapprouver son attitude. Alice se tenait près de son bureau, le fil du téléphone tendu au maximum. Elle se tourna à demi et jeta un coup d’œil au miroir du mur opposé. Ses cheveux étaient encore tout trempés de pluie ; elle se dit qu’il faudrait décidément les laver dès qu’elle aurait un moment. Granville avait repris la parole. Il essayait de l’amadouer. Le ministère de l’intérieur avait parfaitement le droit d’agir ainsi, lui-même faisait ce qu’il pouvait, le problème serait résolu dans la soirée, et ainsi de suite.

« Mais qu’est-ce que je vais faire, s’ils décident de le garder ? interrogea-t-elle.

— Ils ne le garderont pas.

— Vous m’avez déjà dit ça il y a quinze jours, et je ne l’ai toujours pas récupéré !

— On n’en arrivera pas là. La secrétaire à qui j’ai parlé m’a donné l’impression que tout était réglé.

— Alors, pourquoi prendre rendez-vous avec ce type ?

— Je ne sais pas très bien. Peut-être pour le récupérer.

— C’est ce que j’espère. » Alice se retourna et s’assit sur sa chaise de bureau. Elle se pencha en avant et posa les coudes sur sa table de travail en pressant le combiné contre son oreille. Le gros pull par-dessus lequel elle avait enfilé son manteau lui faisait une carrure imposante. « Avez-vous appris autre chose sur Stackpole ? Le poste qu’il occupe, par exemple ?

— Je sais seulement qu’il est chef de service.

— Le service de la répression littéraire, je suppose.

— Il est assez haut placé, ajouta Granville.

— C’est pire. Mais bon sang, qu’est-ce que le ministère de l’intérieur a à voir là-dedans ?

— C’est ce que j’ai l’intention de découvrir cet après-midi. Vous serez chez vous ?

— Oui.

— Je vous appelle dès que je rentre au bureau. Il faut que je vous laisse, maintenant. Un autre client m’attend.

— Très bien. »

Il y avait toujours quelqu’un pour attendre Granville. Avec lui, il était rare que la conversation ne soit pas tôt ou tard interrompue. Quand Alice l’appelait, il arrivait souvent qu’il lui réponde en présence d’un de ses écrivains, qui patientait en face de lui. Ou bien quelqu’un entrait, on l’appelait sur une autre ligne, un client attendait. Pour la plupart, les autres clients de Granville étaient des gens plus importants qu’elle-même, pour la bonne raison qu’ils ne faisaient pas qu’écrire. La spécialité de l’agent, c’étaient les personnalités télévisuelles, les sportifs et les hommes politiques, tous individus dont les livres opportunistes, et souvent rédigés par des nègres, lui rapportaient plus que ceux des vrais écrivains. Elle s’était fait une raison de tout ça.

Elle retourna lentement à la cuisine déballer le reste des courses. Jimmy était sorti par la chatière. Il n’avait pratiquement pas touché à sa pâtée. En milieu de journée, la nourriture était pour lui une occasion de socialiser, et non de se remplir l’estomac. Si elle était restée auprès de lui, il aurait probablement vidé son assiette.

Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre, mais ne vit pas trace de son chat. L’animal éprouvait une affection toute perverse pour les jours de pluie. Elle aperçut trois nouveaux moineaux morts sur le sol en ciment de la cour. Ce spectacle ne manquait jamais de l’attrister. Elle sortit sans attendre, les ramassa avec une pelle et les jeta à la poubelle, au cas où le chat viendrait à s’y intéresser.

Elle venait de se laver les cheveux et les séchait avec une serviette lorsque la sonnerie du téléphone retentit à nouveau. Cette fois-ci, c’était le garage du village. La tête de delco était cassée, on devait aller en chercher une neuve à Swindon. La voiture serait probablement prête dans la soirée.

Alice se prépara une tasse de café instantané qu’elle emporta dans son bureau.

Tant que le problème de son manuscrit ne serait pas résolu, sa vie resterait en suspens. Elle avait pourtant du courrier en retard, des gens à appeler ; mais depuis trois semaines, elle se terrait en attendant que Granville lui fournisse une quelconque explication. Sa vie avait été freinée dans son élan et s’était arrêtée tout net ; elle ne reprendrait qu’une fois cette affaire réglée. Tout lui paraissait inutile. Elle aurait peut-être dû passer elle-même à l’attaque ? Peut-être, mais Granville lui avait conseillé de se tenir tranquille, de ne pas s’en mêler, de le laisser tirer tout cela au clair. C’était pour cela qu’elle le payait. Et ainsi de suite.

Et de toute façon, qu’aurait-elle bien pu faire ? Elle n’aurait même pas su par où commencer ; sans compter que sur le plan pratique, elle était pour ainsi dire impuissante. Elle avait à peine assez d’argent pour sortir du village, et encore moins pour se rendre régulièrement à Londres. Sa voiture était peu fiable et d’un entretien coûteux. Il n’y avait que quelques trains par jour : deux tôt le matin pour ceux qui allaient travailler jusqu’à Londres, malgré la distance, deux dans l’autre sens le soir, pour les ramener chez eux, et un seul pendant la journée, dans les deux sens. Granville avait raison, comme d’habitude ; mieux valait le laisser faire.

Elle écrivit deux courtes lettres, puis se prépara des sandwiches pour déjeuner. Jimmy réapparut et vint gentiment s’installer sur ses genoux pour la regarder manger. Elle lui donna de petits morceaux de fromage.

Après le déjeuner, elle reçut deux appels coup sur coup. La première fois, elle se précipita dans le bureau, tout en se sentant ridicule de dépendre à ce point du téléphone. Au temps où elle vivait à Londres, elle ne s’en servait pratiquement jamais.

Le premier coup de fil était de Bill, qui habitait toujours leur vieil appartement de West Hampstead.

Elle s’assit à son bureau ; elle pressentait que la conversation serait longue et redoutait les remous émotionnels qu’elle pourrait soulever. La chose était encore trop récente pour qu’elle l’aborde avec détachement. Bill n’avait pas besoin d’en dire beaucoup pour la mettre dans tous ses états. Mais ce jour-là, il n’avait pas le temps ; il était sur le point de sortir et ne rentrerait pas de la journée. Il lui avait posté un chèque, une partie de la somme dont ils étaient convenus, il tenait à ce qu’elle le sache. Il lui donna délibérément l’impression de lui faire une faveur, et ne lui dit pas d’où provenait l’argent. Sans doute des meubles qu’il avait promis de vendre pour elle l’année précédente ; mais après tout, quelle importance. Ce ne serait pas un gros chèque. Il n’envoyait jamais de gros chèque.

Il lui demanda comment ça « marchait » pour elle. Elle resta volontairement dans le vague, évitant comme lui d’entrer dans les détails. Bill se moquait bien de savoir comment ça « marchait ». Il voulait seulement l’amadouer afin d’éviter qu’elle ne lui demande ce qu’il comptait faire pour le reste de l’argent. Il s’enquit de son nouveau livre, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Pressée d’en finir, elle répondit que tout allait bien de ce côté-là. Bill était la dernière personne à qui elle désirait parler du ministère de l’intérieur.

Le téléphone sonna pour la seconde fois quelques minutes après qu’elle eut raccroché. Cette fois-ci, c’était Mrs. Lodge, employée à mi-temps au bureau de poste de Ramsford. Alice avait fait sa connaissance par l’intermédiaire de la Société d’histoire naturelle de Ramsford, dont elle faisait partie depuis l’été précédent.

« J’ai pensé qu’il valait mieux vous l’annoncer tout de suite, déclara Mrs. Lodge. Quelqu’un vous a dit, pour Mrs. Traynor ?

— Eleanor ? s’enquit Alice en sentant poindre un mauvais pressentiment. Non, que lui est-il arrivé ?

— Je suis désolée, mais elle est morte. On a trouvé son corps ce matin.

— Oh, non ! » Les yeux rivés à sa table de travail jonchée de papiers, Alice regardait sans les voir les petites empreintes boueuses marquant l’endroit où Jimmy avait dû atterrir, quelque temps auparavant. « Mais comment est-ce possible ? reprit-elle avec le sentiment de ne pas dire ce qu’il fallait. Je l’ai vue avant-hier encore !

— Mais oui ! Elle est venue hier au bureau de poste, et tout avait l’air normal.

— Elle était malade ? Elle a eu une crise cardiaque ?

— C’est bien là le mystère, voyez-vous, répondit Mrs. Lodge. Il y a des voitures de police devant chez elle, mais il semble qu’on l’ait découverte loin de la maison, en plein bois, quelque part près de la rivière.

— Mais enfin, vous êtes sûre ?

— Tout à fait.

— Je voulais dire, y a-t-il quelque chose que je puisse faire ?

— Je n’en sais trop rien, mon petit. Vous étiez amies, je crois ?

— Ma foi, oui. » Alice sentit monter en elle une bouffée irrationnelle d’angoisse égocentrique qu’elle s’empressa de réprimer. Pourquoi la police était-elle venue ? Cette histoire de manuscrit et de ministère de l’intérieur l’avait rendue paranoïaque. « C’est affreux, proféra-t-elle. Sait-on comment elle est morte ?

— Pas moi, en tout cas. Mais on dit qu’elle a été assassinée.

— Enfin voyons, c’est ridicule ! Qui irait assassiner une vieille dame sans défense comme Eleanor ?

— C’est exactement ce que j’ai pensé. J’ai cru comprendre qu’on avait appelé un médecin ; j’en déduis donc qu’elle a eu une attaque.

— Oui », articula Alice. Puis elle répéta le mot afin de donner plus d’assurance à sa voix. « Écoutez, vous croyez que je devrais aller y faire un tour ? Je peux peut-être me rendre utile.

— Ça, c’est comme vous voulez.

— Il faut bien que quelqu’un identifie le corps, non ? Elle était très seule. Je peux peut-être m’en charger.

— Je crois que ce n’est pas la peine. On dit que son fils va venir. C’est donc lui qui le fera.

— J’ignorais qu’elle avait un fils ! Elle ne m’en a jamais dit mot.

— C’est ce qu’il paraît, oui. Il habite dans le Nord, vers Manchester, par là ; il arrive ce soir, en voiture. »

Alice réfléchit. Eleanor lui avait-elle jamais dit avoir des enfants ? Elle lui avait dit que son mari était mort une dizaine d’années plus tôt, et qu’avant de venir s’installer dans le Wiltshire, elle vivait quelque part sur la côte, dans le Sud, vers Portsmouth. Mais un fils ?

« Eh bien, merci de m’avoir mise au courant. Quelle terrible nouvelle !

— C’est bien vrai, mon petit. Allez, au revoir. »

Alice monta dans sa chambre et s’assit au pied de son lit en regardant le jardin par la fenêtre. Il ne pleuvait plus, mais la terre était détrempée ; l’herbe trop haute et les fleurs tardives semblaient gorgées d’eau. Elle vit le soleil illuminer timidement le bord vallonné de la plaine de Salisbury, qui formait l’adret de la vallée, à environ deux kilomètres au sud. Elle resta là sans bouger, repensant à Eleanor et à son brusque décès ; toujours incapable d’y croire, elle s’efforçait d’accepter l’évidence. Venaient s’y mêler son livre, Granville, Bill avec son petit chèque au courrier. Tous ces ennuis qui s’accumulaient, sans toutefois lui causer le même choc que la nouvelle de la mort d’Eleanor.

Jimmy entra dans la chambre et vint s’installer à côté d’elle sur le lit. Elle se mit à le caresser en pleurant et en écoutant son ronronnement. Il essaya de grimper sur ses genoux mais elle le repoussa doucement, sans cesser de le caresser. Il ne tarda pas à se coucher auprès d’elle, boule de fourrure tigrée respirant le contentement.

Sombre, elle songea qu’à présent toute sa vie tournait autour de son chat, ou presque. Elle vivait dans la terreur qu’il ne présente tout à coup de nouveaux symptômes ou peut-être, éventualité tout aussi probable, qu’il se fasse écraser par une voiture. La campagne était dangereuse pour les chats. Les routes n’étaient pas très fréquentées, mais les rares véhicules de passage roulaient vite. Plus d’une fois elle avait surpris Jimmy assis bien tranquillement au milieu de l’allée, devant la maison, attendant de se faire aplatir par une moto lancée à toute allure.

Que ferait-elle sans son chat ? Elle n’avait pas d’autre compagnie. Surtout maintenant qu’Eleanor était morte ; du moins, si c’était vrai. Sur le moment, elle avait considéré la rédaction de son livre comme une réponse à la solitude, au sentiment d’échec. L’obsession totale qui accompagne toujours le travail acharné l’avait empêchée de penser au reste. Cela l’avait aidée à endurer les bouleversements matériels et affectifs qu’avait entraînés son départ de Londres ; et puis, tant que le livre avançait, elle s’inquiétait moins d’être constamment à court de liquide. Il était plus facile de mentir à son directeur de banque tant qu’elle croyait encore qu’il commencerait à lui rapporter une fois terminé.

Terminé, il l’était. Et voilà que là aussi surgissait un problème. Elle était assaillie de soucis. Elle vivait seule, en célibataire. Ses seuls voisins étaient des personnes âgées. Sa maison donnait sur une petite route de campagne sans éclairage public, et avait perdu la moitié de sa valeur depuis qu’elle l’avait acquise, tandis que les mensualités, elles, avaient vertigineusement augmenté. Elle ne connaissait presque pas ce coin d’Angleterre où elle n’avait ni racines, ni famille, ni véritables amis. La seule amie proche qu’elle eût réussi à se faire ici mourait subitement. Sa voiture était en panne. Bill était un salaud. Elle se faisait du souci pour sa santé. Et pour couronner le tout, un fonctionnaire du ministère de l’intérieur saisissait son dernier livre et lui adressait, ainsi qu’à son agent littéraire et à son éditeur, un avis de mise sous séquestre. Et tout cela pour un livre qu’elle avait écrit.

Oui, tout ce qui lui restait, c’était le chat qui ronronnait auprès d’elle. Elle continua à le caresser affectueusement tout en pleurant à chaudes larmes.

Une femme sans histoires
titlepage.xhtml
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Priest,Christopher-Une femme sans histoires(The Quiet Woman)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html